La PAROLE DE DIEU dans la LITURGIE - 2e Thème

1) La Lecture de l'Écriture dans la Liturgie

2) Les documents du Concile et l'esprit de cette Lecture continue

         PREMIÈRE LECTURE CONTINUE :   Lectionnaire dominical

         DEUXIÈME LECTURE CONTINUE : Lectionnaire de semaine

         TROISIÈME LECTURE CONTINUE :  l'Office des Lectures

         LES RÉPONS de l'Office des lectures

         Choix d'autres lectures bibliques à l'Office des Lectures

          La LECTURE BIBLIQUE aux autres HEURES

 3)  ACCUEIL DE LA PAROLE

 4)  L'ACTE ET L'ART DE PARLER

L'Eglise a toujours témoigné son respect à l'égard des Ecritures, tout comme à l'égard du Corps du Seigneur lui_même, puisque, surtout dans la Sainte Liturgie, elle ne cesse, de la table de la Parole de Dieu comme de celle du Corps du Christ, de prendre le pain de vie et de le présenter aux fidèles.    Constitution Dei Verbum 21

 

 La PAROLE DE DIEU dans la LITURGIE

 1) La Lecture de l'Écriture dans la Liturgie

         Le mystère de l'Église est façonné par la Parole de Dieu.  La Constitution sur l'Église Lumen Gentium situe cette Parole de Dieu ainsi : «L'Église est le peuple de Dieu rassemblé, suscité par la Parole de Dieu.» Il faut en effet remarquer qu'au début de l'ère chrétienne, il y a deux événements:
1) le rassemblement des textes qui constituent le Nouveau Testament et
2) ce rassemblement des textes s'est passé pendant les années où les croyants en Jésus Christ se constituaient peu à peu en Église.

              On peut dire qu'au même moment où les chrétiens prenaient conscience de leur existence collective comme Corps du Christ, ils élaboraient lentement le corps des Écritures où ils trouvaient leur fondement et leur identité.  Ceci aide à comprendre pourquoi à un moment donné, le recueil est terminé.  Cela ne veut pas dire qu’on ne peut plus rien penser à propos de Jésus; mais on ne peut plus pensé la condition chrétienne sans faire référence à cet ensemble de l'Écriture et sans, en même temps se considérer comme lié à la compréhension que cet ensemble nous donne du mystère de Jésus.  Or, tout cela est l'oeuvre de l'Esprit Saint.  C'est lui qui façonne le corps Église comme il a façonné le corps Écriture.  De telle sorte que le mystère profond de la Parole proclamée aujourd'hui est d'instaurer et de susciter l'existence de communauté croyante comme Corps du Christ.  Le même Esprit qui a suscité l'Écriture engendre aujourd'hui les chrétiens.  C'est pourquoi saint Paul dit : «De toute évidence vous êtes ce document venant du Christ, confié à notre ministère, écrit non pas avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant.» (2Co 3,3)

              Ces mystères du Corps de l'Église et de l'Écriture concernent - la proclamation de la Parole, - la diversité des auditeurs, -  les fonctions différentes de la lecture, - l'actualité donnée à la Parole par sa lecture liturgique, - l'organisation des lectures dans la liturgie.

 1) La proclamation consiste à faire que l'Écriture redevienne Parole vivante.

 2) La diversité des auditeurs : Pour ceux qui écoutent la Parole, il y a cette grâce de la Liturgie qui est de prendre le Peuple de Dieu pécheur pour le plonger dans la lumière du Christ ressuscité.  C'est le mystère même de la croissance par la Parole : Car le Dieu qui a dit : La lumière brillera au milieu des ténèbres, a lui-même brillé dans nos coeurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. Mais ce trésor, nous le portons en nous comme dans des poteries sans valeur; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire ne vient pas de nous, mais de Dieu. (2Co 4,6-7)

 3) Pour les diverses fonctions de la Parole, il y a d'abord
            - l'Annonce, la Proclamation elle-même.  Le salut opéré par Jésus Christ, par la lecture dans l'Assemblée, est proclamée aux hommes.
            - Cette Annonce est accompagnée d'un Enseignement qui en montre toutes les implications.  Il s'agit d'expliquer la Bonne nouvelle, d'en montrer les conséquences pour la vie dans le monde.C'est souvent le rôle de l'Homélie.

4) L'actualité de la Parole par sa lecture liturgique : Aujourd'hui, écouterez_vous sa Parole? Ce verset du Psaume 94 a beaucoup d'écho même dans l'Écriture. La lettre aux Hébreux, par exemple, l'explique dans un long développement : 3,7 à 4,11.  Et Jésus lui-même attire l'attention de l'Assemblée sur l'importance de cet aujourd'hui de la Parole : Jésus referma le livre, le rendit au servant et s'assit. Tous dans la synagogue avaient les yeux fixés sur lui. Alors, il se mit à leur dire: Cette Parole de l'Écriture que vous venez d'entendre, c'est aujourd'hui qu'elle s'accomplit. (Lc 4, 20-21)  Le mystère profond est là. La Parole de Dieu qui a pris corps dans un écrit à un moment de l'histoire est une Parole pour tous les temps et elle est vivante, réelle pour la personne qui l'entend dans la Liturgie.   La vie de la Parole est celle de l'esprit qui fait «accéder à la vérité tout entière.»(Jn 16,14)

 5) L'organisation des Lectures dans la Liturgie.   L'ordre choisi par l'Église, dans la Liturgie, n'est pas celui de la Bible, ni celui qu'instaurerait une approche plus logique.  En réalité l'ordre liturgique est celui d'une approche progressive du mystère du Christ, annoncé par l'Évangile.  C'est pourquoi l'Évangile est écouté debout et entouré de plus de vénération que les autres lectures. En effet, c'est une réalité perçue depuis toujours dans l'Église : la liturgie de la Parole est présence et révélation du Christ.

            Le trajet que propose l'Église dans son approche du mystère du Christ est un itinéraire à travers l'épaisseur de l'histoire : celle qui aboutit à Jésus, celle aussi de deux ou trois générations de l'Église primitive.

             L'Ancien Testament rend compte d'une lente maturation où la personne humaine a découvert peu à peu le dessein de Dieu sur l'univers et apprend à s'y conformer.   C'est une histoire de grâce et de péché, de foi et de doute.   C'est une histoire que chacun revit dans son itinéraire personnel vers le Christ.  De ce recueil de textes que nous appelons L'Ancien Testament, émerge le psautier.  Il est un témoin privilégié de l'histoire d'alliance entre Dieu et son peuple.  Il vient à nous comme un langage ouvert à une variété de sens où chacun peut situer son itinéraire de foi et de prière et rejoindre ainsi le grand chant de l'Église. 

              La lecture du Nouveau Testament est une lecture des écrits des Apôtres.  Elle permet aux croyants d'aujourd'hui de donner à la parole évangélique le retentissement qu'elle a eu dans l'Église naissante.  Elle rend compte de ce moment où le peuple de la nouvelle alliance prenait conscience de l'existence nouvelle dans le Christ.  La proclamation de l'Évangile est le signe de l'événement central de l'histoire : «Après avoir parlé de bien des manières... Dieu nous a parlé par son Fils.» (He 1,1)           

 2) Les documents du Concile et l'esprit de cette Lecture continue:

            L'une des oeuvres les plus fondamentales de la réforme liturgique issue du 2e Concile du Vatican a été la place de premier choix redonnée à la Parole de Dieu.  La Constitution conciliaire sur la Liturgie a établi le principe suivant : « Dans les célébrations sacrées, on restaurera une lecture de la sainte Écriture plus abondante, plus variée et mieux adaptée.»        Constitution sur la Liturgie (#35) (voir aussi # 24)Et encore : «Pour présenter aux fidèles avec plus de richesse la table de la Parole de Dieu, on ouvrira plus largement les trésors bibliques pour que, dans un nombre d'années déterminé, on livre au peuple l'essentiel des Saintes Écritures.»   (Constitution sur la Liturgie, # 51)
            La Parole de Dieu est redevenue, dans les nouveaux livres liturgiques, l'élément de base de toute célébration.

              «Pour l'accomplissement d'une si grande oeuvre, le Christ est toujours là auprès de son Eglise, surtout dans les actions liturgiques. Il est là présent dans le sacrifice de la Messe, et dans la personne du ministre, "le même offrant maintenant par le ministère des prêtres, qui s'offrit alors lui_même sur la croix" et, au plus haut point, sous les espèces eucharistiques. Il est là présent par sa vertu dans les sacrements au point que lorsque quelqu'un baptise, c'est le Christ lui_même qui baptise. Il est là présent dans sa parole, car c'est lui qui parle tandis qu'on lit dans l'Eglise les Saintes Ecritures. »(SC 7)           

         «Afin qu'apparaisse plus clairement cette caractéristique de notre prière (celle du Christ en nous) il faut que se ravive chez tous ce goût savoureux et vivant de la sainte Écriture, que l'on trouve dans la Liturgie des Heures, de sorte que la sainte Écriture devienne réellement la source principale de toute la prière chrétienne. 

    La lecture plus abondante de la sainte Écriture, non seulement à la messe, mais dans la nouvelle Liturgie des Heures, fera que l'histoire du Salut soit commémorée sans interruption, et que sa continuation dans la vie des hommes et des femmes soit annoncée  efficacement.»
                                 Paul VI, (Constitution apostolique Laudis Canticum, 1971)               

            «Dans les lectures tirées de la Sainte Écriture et expliquées par l'homélie, Dieu adresse la Parole à son peuple, il découvre le mystère de la rédemption et du salut, et il présente une nourriture spirituelle; et le Christ lui-même est là, présent par sa Parole, au milieu des fidèles.»
                Présentation générale du Missel (# 33)

PREMIÈRE LECTURE CONTINUE : Lectionnaire dominical

 Lectures du Dimanche, sur trois ans: Années A-B-C
            Trois lectures : Ancien Testament - Nouveau Testament - Évangile
Chaque messe du dimanche comporte ces trois lectures :
- La première, de l'Ancien Testament, sauf au Temps pascal où elle est tirée des Acte des Apôtres.
- la seconde, des lettres de saint Paul ou de l'Apocalypse durant le temps pascal,
- la troisième, de l'Évangile.
            Cette organisation manifeste l'unité des deux testaments et de l'Histoire du Salut, dont le centre est le Christ célébré dans son mystère pascal.
            L'introduction d'une lecture de l'Ancien Testament à toutes les messes du dimanche, sauf au temps pascal, est sans doute la plus grande innovation du Lectionnaire de Vatican II.   En effet, le système de deux lectures précédemment en vigueur jusqu'à l'établissement de ce nouveau lectionnaire, ne comportait jamais de lecture de l'Ancien Testament, pour le dimanche.  Ainsi le chrétien qui se contentait de la seule messe du dimanche, était privé de ces lectures.  Désormais, au contraire, il allait de soi que la décision du Concile de donner au peuple chrétien l'essentiel de l'Écriture, impliquait une part importante de l'Ancien Testament.  Par un système de trois lectures avec un cycle de trois ans, il a été possible d'introduire 171 péricopes au lectionnaire dominical. Ces lectures de l'Ancien Testament son généralement liées à l'Évangile du jour.  On a cependant veillé à ce que ces lectures donnent une certaine vue d'ensemble de l'Ancien Testament.

            L'intention qui a orienté le choix des lectures est la suivante : aux dimanches, où le peuple chrétien est tenu de participer à la célébration eucharistique, on présente les passages les plus importants, afin que les fidèles puissent entendre, dans un espace de temps déterminé- ici trois ans - les parties les plus importantes de la Parole révélée.   Sur un cycle de trois ans, les mêmes textes ne sont donc lus, en général qu'une fois sur trois.
            Les textes des Épîtres et des Évangiles sont en lecture continue.  On peut ainsi suivre la pensée de l'Apôtre dans son message, et aussi les étapes de la vie du Seigneur telles que les présente un évangile suivi : Matthieu pendant l'Année A, Marc, l'année B et Luc, l'année C.  Marc étant le court des évangélistes, on y ajoute les lectures de saint Jean. 

            Évangile : Année A = Matthieu
                            Année B = Marc
                            Année C = Luc
            La Lecture de l'Ancien Testament n'est pas continue: elle correspond toujours au thème de l'Évangile de ce dimanche.
            La 2e Lecture (Nouveau Testament) est continue, sans lien avec l'Évangile.

            Certains livres de la Bible ont été, dans la ligne de la tradition liturgique, réservés à des Temps forts de la liturgie.  C'est ainsi que le Lectionnaire conserve la tradition, aussi bien occidentale qu'orientale, de lire les Actes des Apôtres au Temps pascal : ainsi on montre que toute la vie de l'Église a son origine dans le mystère pascal.   Le lectionnaire observe également la tradition, tant occidentale qu'orientale, de lire l'évangile de saint Jean aux dernières semaines du Carême et au Temps pascal : c'est "l'évangile spirituel" qui expose le mystère du Christ avec le plus de profondeur.

L'Église se proposait un but par ce Lectionnaire du Dimanche, but qu’exprimait le Pape Paul VI en le présentant le 3 avril 1969 : «Tout cela a été ordonné de façon que se développe de plus en plus chez les fidèles la faim de la parole de Dieu qui, sous la conduite de l'Esprit, achemine le peuple de la Nouvelle Alliance vers l'unité parfaite de l'Église.  Nous avons vivement conscience que, de la sorte, prêtres et fidèles se prépareront plus saintement au repas du Seigneur et aussi que, méditant plus profondément les Écritures, ils se nourriront chaque jour davantage des paroles du Seigneur.  Ainsi se réalisera le voeu du Concile : l'Écriture sera aux yeux de tous la source permanente de la vie spirituelle.»

 DEUXIÈME LECTURE CONTINUE : Lectionnaire de semaine

 Temps ordinaire : la première lecture est continue, établie sur deux ans:
            Année paire
            Année impaire
            elle comprend une lecture plus complète que celle du dimanche, comprenant l'Ancien et le Nouveau Testament.

            Par contre, la lecture continue de l'Évangile se poursuit sur un an, donc revient tous les ans, de cette façon:
                            1ère semaine à 9e sem. : Marc
                            10e sem. à 21e sem.     : Matthieu
                            22e sem. à 34e sem.     : Luc
            L'Évangile de Jean est lu chaque année aux temps de Noël, du Carême et de Pâques.

 

TROISIÈME LECTURE CONTINUE :  Liturgie des Heures à l'Office des Lectures

            La Liturgie des Heures devait elle aussi s'enrichir de cette restauration :«Pour présenter aux fidèles avec plus de richesse la table de la Parole de Dieu, on ouvrira plus largement les trésors bibliques pour que, dans un nombre d'années déterminé, on livre au peuple l'essentiel des Saintes Écritures.»   (Constitution sur la Liturgie, # 51)

              La Présentation générale de la Liturgie des Heures rappelle aussi cette place traditionnelle de la lecture biblique dans la Liturgie des Heures :
            «La lecture de la sainte Écriture qui, d'après l'antique tradition, se fait publiquement dans la liturgie... dans la célébration eucharistique, mais aussi dans l'office divin, doit être hautement estimée par tous les chrétiens, pace que c'est l'Église qui la propose non pour obéir à un choix individuel ou à un penchant excessif, mais en relation avec le mystère que l'Épouse du Christ déploie pendant le cycle de l'année...  De plus, dans la célébration liturgique, la prière accompagne toujours la lecture de l'Écriture sainte, pour que la lecture porte plus de fruit et que la prière, surtout celle des psaumes, soit mieux comprise et devienne plus fervente grâce à la lecture...» (# 140)

            Au cours de l'Office des Lectures, lectures bibliques et prière s'éclairent et s'enrichissent mutuellement.  Dans la Liturgie des Heures, la lecture de la Parole de Dieu s'inscrit toujours dans un ensemble de prière.  Elle nous instruit de l'admirable dessein du salut, oeuvre de l'amour du Père pour les hommes, et met devant nous les exigences de notre insertion personnelle dans ce dessein.   De là, elle fait jaillir la louange et l'admiration, l'action de grâce et la supplication.  L'Office divin établit ainsi le dialogue entre Dieu et nous : «Dieu parle à son peuple... et le peuple répond à Dieu par les chants et la prière.» (SC #33)

            Le choix des lectures plus longues de l'Écriture a été élaboré ainsi selon la Présentation générale de la Liturgie des Heures. Ainsi on tient compte :
- dans le cycle des lectures on lit certains livres selon les temps liturgiques,
- et on tient compte des lectures déjà choisis pour la messe.
Ainsi la Liturgie des s'harmonise avec la messe pour que la lecture de l'Écriture à l'Office complète celle de la messe et que nous soit présenté un panorama plus complet de toute l'histoire du salut. (#143)
- on ne lit pas l'évangile à la Liturgie des heures, puisqu'il est lu chaque année intégralement à la messe. (# 144)
- il y a un double cycle de lecture biblique :
            . L'un qui figure dans le livre de la Liturgie des Heures, ne comporte qu'une année
           .. L'autre qu'on peut librement employer et qui se trouve dans le supplément à la fin de LH, s'étend sur deux années, comme le cycle de lectures de la messe pour les féries du Temps ordinaire. (# 145)   
            Le cycle abrégé présente bien sûr des lacunes importantes par rapport au cycle de deux années, plus équilibré et plus riche.  Mais il s'est efforcé d'être fidèle à l'idée fondamentale du choix complet et constitue un enrichissement appréciable par rapport au Bréviaire d'avant le Concile.

 
La LECTURE BIBLIQUE aux autres HEURES

 «Dans le choix des lectures brèves, on a observé les points suivants :
a) selon la tradition, les évangiles sont exclus.
b) autant que possible on a observé le caractère du dimanche, ou encore du vendredi, et des Heures elles_mêmes.
c) les lectures de l'Office du Soir, puisqu'elles suivent un Cantique du Nouveau Testament, ont été choisies exclusivement dans celui-ci.» (PGLH # 158)

LES RÉPONS de l'Office des lectures :

            «La lecture biblique à l'Office des Lectures est suivie de son répons propre dont le texte a été puisé dans le trésor traditionnel ou nouvellement composé.  Ce répons vise
- à apporter une lumière nouvelle pour l'intelligence de la lecture qui vient d'être faite,
- à insérer cette lecture dans l'histoire du salut,
- ou à faire le passage de l'Ancien au Nouveau Testament,
- ou à transformer la lecture en prière et en contemplation,
- ou enfin à procurer par sa beauté poétique un changement de ton agréable.» ( PGLH # 169)

 
Choix d'autres lectures bibliques à l'Office des Lectures :

 La PGLH offre quelques critères à ce sujet :

1) respecter le Lectionnaire dans les temps privilégiés : Avent, Noël, Carême et Pâques.  Le Lectionnaire de l'Office a été particulièrement soigné pour ces temps forts de l'Année liturgique.

 2) Quelques exceptions au Temps ordinaire, pour un juste motif, on peut choisir d'autres lectures bibliques que celle proposée au jour, par exemple durant les retraites, ou la semaine de prière pour l'unité, etc.

 3) Lectures intégrales : Dans le choix du Lectionnaire, il arrive que des versets ont été omis pour permettre une longueur raisonnable.  Mais PGLH dit qu'il « est permis et méritoire de lire le texte  intégral dans un texte approuvé» (# 155)   Il est sûr que cette manière de faire contribue à donner une meilleure connaissance et une intelligence plus complète du texte sacré.

 4) Lectures omises :«Si la lecture continue est interrompue par une solennité, une fête ou une célébration particulière, il sera permis, au cours de la même semaine, en considérant l'organisation de toute cette semaine,
- ou bien d'unir à d'autres les parties qui seront omises,
- ou bien de décider quels textes doivent être préférés à d'autres.» (PGLH # 249)
Là encore c'est un encouragement à ne rien perdre de la lecture continue du Lectionnaire afin de mieux goûter la parole de Dieu.

 
Lecture continue (pour nous : Monastère des Clarisses de Valleyfield) sur 4 ans:

            Selon le formulaire proposé par les moniales de Rixensart (Belgique). 
            Les lectures des temps forts (Avent-Noël-Carême-Pâques) s'établissent sur 2 ans.
            Au temps ordinaire, (1e- 34e semaines) une lecture complète se déroule sur une période de 4 ans, en respectant et tenant compte du Lectionnaire de la messe sur semaine: alternance du Nouveau et de l'Ancien Testament.  Si, à l'Eucharistie on lit le Nouveau Testament, on lira l'Ancien testament à l'Office des Lectures.
            Cependant, le Nouveau Testament revient à tous les 2 ans, dans ce cursus plus complet.

            Cette lecture continue n'a lieu que pour les jours de la semaine.  Pour le dimanche, la lecture de l'Écriture reprend la première ou la deuxième lecture de la messe de ce dimanche, en la situant, s'il y a lieu, dans une lecture plus complète.  Ceci, pour favoriser l'unité des lectures proposées chaque dimanche, avec son thème particulier, déterminé par la lecture continue de l'Évangile.

           Cette lecture continue établit sur 4 ans tient compte de l'esprit du document Présentation générale de la Liturgie des Heures, au sujet de la lecture de l'Écriture à l'Office des Lectures.  Voici ce qui est suggéré dans ce document introducteur à la Liturgie des Heures actuelle:

            «Dans le cycle des lectures de l'Écriture sainte à l'Office des lectures, on tient compte des temps sacrés où l'on doit lire certains livres selon une tradition vénérable, et aussi du cycle des lectures de la messe.  Ainsi donc la Liturgie des Heures s'articule avec la messe pour que la lecture scripturaire à l'Office complète celle qui se fait à la messe et que nous soit présenté un panorama complet de toute l'histoire du salut.» (#143)

 A la fin  de cette partie sur les lectures, le document spécifie:
            «Chaque péricope, autant que possible, observe une certaine unité;  c'est pourquoi, afin de ne pas dépasser une longueur raisonnable, bien qu'elle puisse différer selon les genres littéraires des livres, on omet parfois certains versets, ce qui est toujours indiqué.   Mais il est permis et méritoire de lire le texte intégral, dans un texte approuvé.» (#155)

3)  ACCUEIL DE LA PAROLE

            La pluie et la neige qui descendent des cieux n'y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l'avoir fécondée et l'avoir fait germer, pour donner la semence au semeur et le pain à celui qui mange;  ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission.   (Is 55,10-11)

            Accueillir la Parole, c'est, comme Jésus le demande : la mettre en pratique (Mt 7,21) ou encore, comme dit saint Paul : faire de notre vie une offrande agréable à Dieu (Rm 12,1).

            La liturgie de la Parole est dialogue entre Dieu et son peuple.  Or un dialogue demande une écoute mutuelle.  L'écoute est une attitude-clé de la Bible, c'est un passage obligé de la foi et donc, une attitude essentielle de la Liturgie chrétienne.   Une bonne écoute suppose préalablement un bien-dire, un bien-proclamer.  Il serait facile, surtout aujourd'hui de dire aux fidèles : Prenez votre Prions en Église ou votre Liturgie des Heures, ou votre feuille, et lisez ce que nous dit saint Paul aujourd'hui! Cela ne se fait pas et ne se fera jamais.  Parce que, proclamer, est un geste symbolique auquel correspond celui de l'accueil de la Parole. «La foi naît de ce que l'on entend, et ce que l'on entend c'est l'annonce de la Parole du Christ.» (Rm 10.15)

            La Parole de Dieu est un don qui vient d'En_haut.  Ainsi la Parole, symboliquement, vient du lieu de l'ambon, comme le pain eucharistique vient de l'Autel.   Dans la Liturgie je ne choisis pas  les pages de lecture : j'écoute toute la Parole de Dieu proposée.  Dieu a l'initiative, il m'interpelle. Dans l'Assemblée, l'écoute est communautaire.  C'est l'Église qui écoute son Dieu.  Comme l'accueil du Pain eucharistique, l'écoute de la Parole est communion.

             Et comme accompagnement de l'écoute, le silence reçoit la Parole et la médite.  Si la Liturgie n'est pas le lieu de la méditation solitaire, c'est toujours dans le silence du coeur que la Parole divine prend tout son poids.  Ce silence spirituel du coeur doit être soutenu et manifesté par le silence réel de l'Assemblée.

             Il y a aussi les temps de silence proprement dits.  Ainsi le suggère la Présentation générale du Missel Romain # 23 : «Un silence sacré, qui fait partie de la célébration, doit être aussi observé en son temps.  Sa nature dépend du moment où il trouve place dans chaque célébration.  Après une lecture ou l'homélie, on médite brièvement ce qu'on a entendu.»

              Il y a aussi, cette respiration entre chaque élément de la Liturgie.   Entre la lecture et sa réponse, entre un geste et un autre.  Ce que les documents liturgique nomment : une noble simplicité du déroulement de la Liturgie.

            Rappelons ce très bon conseil du diacre saint Éphrem (IVe siècle) au sujet de notre manière de recevoir la Parole au cours de la Liturgie :
«Rends grâce pour ce que tu as reçu et ne murmure pas pour ce qui demeure inutilisé.   Ce que tu as pris et emporté est ta part; mais ce qui reste est aussi ton héritage.  Ce que tu n'as pu recevoir aussitôt à cause de ta faiblesse, reçois-le à d'autres moments grâce à ta persévérance.  N'aie l'impudence, ni de vouloir prendre d'un coup ce qui ne peut être pris en une fois, ni de t'écarter de ce que tu pouvais recevoir peu à peu.»

4)  L'ACTE ET L'ART DE PARLER

  L'acte de transmettre la Parole à la communauté est un geste du corps et de la voix.  C'est un acte qui engage totalement la personne.   La lectrice devient prophète au milieu de la communauté. Sa communication est un acte de foi qui doit conduire à la foi ceux qui l'écoutent.

  D'abord, il y a la bonne transmission et communication de la Parole, ensuite le ton convenable avec la situation liturgique des paroles prononcées.

 1) Transmission et communication :
            Pour que la voix porte et le souffle fonctionne bien, il faut :
            - une bonne position du corps, bien droit.
            - les mains tenant le livre ou posées sur le pupitre.
            - le visage relevé pour que la voix porte, le micro réglé à la taille de celle qui parle.
            - le débit des phrases, souvent trop rapide, doit tenir compte du fait, souvent oublié, que l'assemblée n'a pas le texte sous les yeux et donc a besoin de temps pour reconstituer le sens des mots qu'elle reçoit.

 2) Le ton convenable de la voix :

             La justesse du ton de la voix est un élément déterminant de la mise en oeuvre des paroles prononcées dans la célébration.
            En ce qui regarde la lecture de l'Écriture, celui qui proclame le texte d'Écriture doit d'abord l'écouter lui-même à mesure qu'il parle.  C'est le texte qui doit parler et non la personne qui est au service de sa proclamation.  Ainsi le ton devra s'éloigner aussi bien d'une excessive expressivité avec de trop grands écarts dans le débit de la voix, que de la froideur neutre de quelqu'un que le texte n'atteint pas.   Un ton sobre quant aux variations mais soutenu intérieurement et guidé par une excellente connaissance du texte.

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