LE TEMPS LITURGIQUE - 4ieme Thème

«Je suis avec vous, tous les jours, jusqu'à la fin des temps.» (Mt)

«Notre Mère la sainte Église estime qu'il lui appartient de célébrer l'œuvre salvifique de son divin Époux par une commémoration sacrée, à jours fixes, tout au long de l'année.

Chaque semaine, au jour qu'elle a appelé "jour du Seigneur", elle fait mémoire de la résurrection du Seigneur, qu'elle célèbre encore une fois par an, en même temps que sa bienheureuse passion, par la grande solennité de Pâques. Et elle déploie tout le mystère du Christ pendant le cycle de l'année, de l'incarnation et la Nativité jusqu'à l'Ascension, jusqu'au jour de la Pentecôte, et jusqu'à l'attente de la bienheureuse espérance et de l'avènement du Seigneur.

Tout en célébrant ainsi les mystères de la rédemption, elle ouvre aux fidèles les richesses des vertus et des mérites de son Seigneur; de la sorte, ces mystères sont en quelque manière rendus présents tout au long du temps, les fidèles sont mis en contact avec eux et remplis par la grâce du salut.» (SC # 102)

 1) L'ANNÉE LITURGIQUE :

            La Cène du Seigneur :
            1)  Le JOUR du Seigneur: le DIMANCHE, Pâque hebdomadaire
            2) Mémorial annuel: la Pâque (2e siècle)
            3)  La VEILLÉE PASCALE
            4)  Le TRIDUUM PASCAL
            5)  Le TEMPS PASCAL:   (50 jours)
            6)  Le Temps du CARÊME:
            7) NATIVITÉ du Seigneur  (vers 375)
            8) Le Temps de l'AVENT (Liturgie occidentale, vers le VIe siècle)
            9)  Le Temps ordinaire
          10) Le Culte de Marie et des saints

            Calendriers liturgiques
            Célébration des saints
: solennités, fêtes, mémoires
            La Liturgie, mystère de Transfiguration “aujourd’hui”

2)  SYMBOLES, RITES, GESTUELLE,  expression du Mystère pascal célébré

           1) Le Christ, symbole
            2) Le Symbole, lieu du passage entre notre vie et le mystère pascal célébré
            3) Célébrer dans son corps 

LE TEMPS LITURGIQUE

 PRÉSENTATION

            «Dans le Christ, la plénitude du culte divin est entrée chez-nous.» (SC #5)

            «Je suis avec vous, tous les jours, jusqu'à la fin des temps.» (Mt)

            «Notre Mère la sainte Église estime qu'il lui appartient de célébrer l'œuvre salvifique de son divin Époux par une commémoration sacrée, à jours fixes, tout au long de l'année. Chaque semaine, au jour qu'elle a appelé "jour du Seigneur", elle fait mémoire de la résurrection du Seigneur, qu'elle célèbre encore une fois par an, en même temps que sa bienheureuse passion, par la grande solennité de Pâques. Et elle déploie tout le mystère du Christ pendant le cycle de l'année, de l'incarnation et la Nativité jusqu'à l'Ascension, jusqu'au jour de la Pentecôte, et jusqu'à l'attente de la bienheureuse espérance et de l'avènement du Seigneur.
            Tout en célébrant ainsi les mystères de la rédemption, elle ouvre aux fidèles les richesses des vertus et des mérites de son Seigneur; de la sorte, ces mystères sont en quelque manière rendus présents tout au long du temps, les fidèles sont mis en contact avec eux et remplis par la grâce du salut.»
(SC # 102)

            La Liturgie c’est la célébration de la foi de l’Église.  C’est la démarche de l’Église dans sa réalité profonde. C’est l’acte du Seigneur lui-même qui intervient à travers les symboles, à travers l’Assemblée cultuelle qui est l’Église, et à travers ses rites.  Tout est structuré, avec au centre, le mystère de l’Eucharistie.  C’est le centre vital, le foyer ou tout converge, d’où tout découle, où tout se tient et tout s’explique. 

            Le temps liturgique fait parcourir les grands mystères de la foi chrétienne.  Il est vécu par l’Église et non pas seulement par chaque chrétien.  Ce temps liturgique organisé par l’Église, permet une catéchèse des chrétiens.  Progressivement, son calendrier a utilisé la symbolique naturelle des cycles de la nature pour y inculturer les mystères du Christ : sa naissance, son baptême, sa vie publique, sa passion et sa mort, sa résurrection.  On s’arrête sur chacun de ces moments, on y contemple toutes les facettes des merveilles du salut de Dieu.

            L’année liturgique constitue un voyage d’initiation qui permet aux baptisés de se rapproprier, année après année, toutes les dimensions de leur foi, à mesure que se déroule leur histoire personnelle ainsi que l’histoire de l’humanité, devenue dans le Christ une histoire du salut.  L’année liturgique chrétienne est mémorial.

 
1) L'ANNÉE LITURGIQUE:

            LA Cène du Seigneur :

  •   «Faites ceci en mémoire de moi» avait dit Jésus au terme du Repas qui inaugurait sa Passion. 

             Au centre de la Liturgie chrétienne, il y a le mémorial du Christ mort et ressuscité, à la fois souvenir du passé, actualisation d’une présence, anticipation d’un avenir.  Toute célébration du mystère du Christ est mémorial, anamnèse.  

     1)  Le JOUR du Seigneur: le DIMANCHE, Pâque hebdomadaire

                Les chrétiens font mémoire de la mort et de la résurrection du Christ le premier jour de chaque semaine qui est le JOUR du SEIGNEUR.  Assemblée dominicale autour de la table du Seigneur qui constitue l’acte essentiel du mémorial.
                Le huitième jour après la résurrection de Jésus, les apôtres étaient déjà réunis pour se souvenir, quand Jésus se tint au milieu d’eux et invita Thomas à mettre la main dans la plaie de son côté. Tel fut le premier dimanche.

                  Le dimanche a été, dès l’Église primitive, la célébration originelle du mystère pascal et il le demeure encore aujourd’hui.  Dans les écrits du Nouveau Testament déjà, le premier jour de la semaine juive, que nous appelons le dimanche, a une signification éminente.  Il est le jour de la résurrection du Seigneur, comme tous les évangélistes le rapportent unanimement, le jour par excellence de ses apparitions : Mt 28,9; Lc 24,13 ss; Jn 20,19 ss. et le jour où le Seigneur glorifié envoie le don promis de son Esprit : Jn 20,22; Ac 2,1 ss.  Les disciples le considèrent comme «le jour que le Seigneur a fait» Ps 117,24.

                D’après de très anciens témoignages non-bibliques, la célébration du dimanche devient le signe distinctif des chrétiens face à ceux qui célèbrent encore le sabbat selon le rituel des juifs.  Saint Ignace d’Antioche le rappelle : «Les chrétiens sont appelés à la nouvelle espérance et n’observent plus le sabbat, mais le dimanche, jour où notre vie s’est levée par le Christ et par sa mort.» (Lettre aux Magnésiens, 9).  Parce que le dimanche était à cet époque un jour ordinaire de travail, les chrétiens furent obligés de placer leur réunion tard le soir, et, après l’interdiction par l’empereur Trajan des réunions nocturnes, tôt le matin.  Cela créait bien des difficultés et demandait beaucoup de sacrifices. 

         L’importance du dimanche dans l’ancien christianisme se reflète aussi dans les termes qui le désignaient.  La plus ancienne appellation, “le premier jour” signale le commencement de la semaine, mais aussi implique une allusion au premier jour de la création, jour de la lumière.  Une autre expression sera très employée par la suite : “le jour du Seigneur”.  Ce terme s’est maintenu sous la forme de dies dominica, devenu en français : dimanche.  Les chrétiens de langue germanique ont adopté le nom de “jour du soleil” comme la coutume gréco-romaine : dies solis, Sonntag, Sunday.  Ils le font dans l’esprit de saint Jérôme qui écrit : Si le jour du Seigneur est appelé jour du soleil par les païens, nous aussi nous le confessons très volontiers comme tel : en effet la lumière du monde est apparue aujourd’hui, aujourd’hui le soleil de justice s’est levé avec la guérison dans ses rayons.» (Homélie)

             La loi de l’empereur Constantin, du 3 mars 321, fut de grande importance pour l’évolution ultérieure du dimanche.  Elle déclare le «vénérable jour du soleil, jour de repos pour tous les juges, la population des villes et des artisans.»  Ces dispositions favorisèrent grandement la célébration liturgique du dimanche.  Mais peu à peu la cessation du travail devint de plus en plus nettement l’essentiel de la sanctification du dimanche et son critère majeur.

            Aujourd’hui, la célébration chrétienne du dimanche étant largement menacée, le Concile a beaucoup insisté sur l’importance, pour les chrétiens, du dimanche comme célébration du mystère pascal.  «Ce jour-là, les fidèles doivent se rassembler pour que, entendant la Parole de Dieu et participant à l’eucharistie, ils se souviennent de la passion, de la résurrection et de la gloire du Seigneur Jésus et rendent grâce à Dieu.  Ce sera en même temps, jour de joie et de loisir... parce qu’il est le fondement et le noyau de toute l’année liturgique, les autres célébrations ne doivent pas l’emporter sur lui, à moins qu’elles ne soient véritablement de la plus haute importance.» (SC 106)

            Dans l’antiquité, et pendant de longs siècles, l’Église ne pratiquait habituellement que la célébration dominicale et cependant, il y avait un prolongement quotidien, et la louange du Mystère chrétien retentissait sans cesse, jour et nuit par la célébration de la Liturgie des Heures qui est très liée au mystère de l’Eucharistie.

             2) Mémorial annuel: la Pâque (2e siècle)

         Mais dès le second siècle, on éprouva le besoin d’ajouter au mémorial hebdomadaire, le mémorial annuel de la Pâque.  C’est en concomitance avec la célébration juive de la Pâque que les chrétiens fixèrent le mémorial de la Pâque nouvelle.  Peu à peu, l’Église célébra la Pâque chrétienne le dimanche qui suit la Pâque juive.

3)  La VEILLÉE PASCALE 

            La Veillée de prière dans laquelle le jeûne cède la place à la fête, a connu durant les premiers siècles un enrichissement progressif qui devait mettre en valeur les divers aspects du contenu du Mystère pascal.
a) la Parole et le repas.
Les chrétiens relisaient l’Ancien Testament à la lumière du Nouveau.  Et l’Eucharistie se prolongeait dans un repas fraternel de l’agape.
b) le Baptême
Au temps de l’entrée des masses dans l’Église et de l’organisation d’un catéchuménat structuré, aux 4e-5e siècles, l’Église estima que la Nuit pascale offrait un cadre incomparable à l’initiation chrétienne : célébration du baptême et de la confirmation dans le baptistère, puis de l’eucharistie dans la basilique, où les néophytes se voyaient accueillis dans l’assemblée des fidèles.
c) la Lumière du Christ
Il faut attendre l’époque des grandes fêtes baptismales pour voir mettre en valeur le symbole du Christ illuminant le monde dans la gloire de sa résurrection.  Ce fut alors qu’on fit briller le cierge pascal près de l’ambon où le diacre allait chanter l’Exultet.

            Lorsqu’à partir du 6e siècle, les baptêmes d’adultes se firent plus rares, puis disparurent, la célébration de la Veillée pascale commença à péricliter.  Elle fut avancée au seuil de la nuit, puis on l’anticipa à l’après-midi du samedi saint, jusqu’à ce que le Pape saint Pie V la fit cesser en interdisant de célébrer la messe après midi. (1566) Les rites nocturnes demeurèrent inchangés, mais, célébrés le matin, ils perdirent toute signification.

            4)  Le TRIDUUM PASCAL

              Premiers vestiges, au IVe siècle.  Ce besoin d'un retour méditatif sur le mystère pascal, détaillé, du jeudi soir au dimanche pascal apparu d’abord à Jérusalem où l’on aimait à mettre ses pas dans ceux du Seigneur, du Cénacle au Mont des Oliviers et de Gethsémani au Golgotha.

            5)  Le TEMPS PASCAL:    (50 jours)

         À peine la célébration annuelle de la Pâque était-elle entrée dans la vie des communautés chrétiennes, qu’elle apparaissait comme une fête qui se poursuit durant cinquante jours, ce en quoi elle se différenciait de la Pâque juive.  «Comme si c’était un jour de fête unique, un grand dimanche», disait saint Athanase.  Aujourd’hui c’est le temps pascal.
            Au 4e siècle, au coeur de la fête, certains jours allaient pourtant émerger avec un relief particulier : ce furent l’octave de Pâques, et les solennités de l’Ascension et de la Pentecôte.  L’Octave de Pâques est en relation avec le Baptême des adultes.  On voulait continuer à les réunir chaque jour de la semaine de Pâques pour leur donner un enseignement sur le Mystère, qui leur révélerait la signification des mystères auxquels ils avaient été initiés durant la nuit sainte.
C’est vers l’année 370 qu’on commença à honorer d’une fête particulière l’ascension du Seigneur, le 40e jour après Pâques selon le récit des Actes.

            La Pentecôte signifiait d’abord, chez les chrétiens, la totalité du Temps pascal.

         6)  Le Temps du CARÊME:

            Au début de l’Église, le jeûne de la semaine sainte constituait une préparation jugée suffisante.  Puis l’Église connut un jeûne de trente jours, puis de quarante.  Au 6e siècle, on voulut compter les quarante jours de jeûne effectif et on anticipa l’ouverture du Carême au mercredi précédent.
            D’abord, les six semaines de prière et de pénitence du Carême offraient un cadre privilégié pour les dernières étapes du catéchuménat préparant les futurs baptisés à leur nouvelle naissance dans la nuit de Pâques.  Le Carême devint ainsi pour toute la communauté chrétienne, un temps de cheminement spirituel avec ses catéchumènes, en préparation au mystère pascal des Jours saints
            Réservé d’abord aux pécheurs en attente de la réconciliation du Jeudi Saint, le geste de la réception des cendres, le Mercredi des Cendres, fut ensuite adopté par tout le peuple, y compris le clergé avec l’évêque.

            Les cinq dimanches du Carême reçoivent une lumière propre de la lecture de l’évangile.  Comme on faisait déjà au temps du Pape saint Léon le Grand, on lit, le 1er dimanche, le récit de la tentation, le 2e dimanche, le récit de la Transfiguration.  Ombre et lumière, le rapprochement est symbolique de la montée du peuple de Dieu vers Pâques.

            Le dimanche de la Passion et des Rameaux.  Au milieu du 5e siècle, on inaugurait une prédication sur la passion du Seigneur qui se poursuivait le mercredi et le vendredi saint.  La lecture de la Passion selon les trois évangiles synoptiques constitue le coeur de la liturgie de la Parole.

            À Jérusalem, dès la fin du 4e siècle, le peuple chrétien revivait déjà l’entrée triomphante de Jésus à Jérusalem.  On se rassemblait sur le Mont des Oliviers vers le milieu de l’après-midi.  Un diacre y lisait l’Évangile du jour.  Puis la procession gagnait la Ville Sainte, les enfants agitant des palmes.  Cette célébration festive eut un grand écho en Occident.

         7) NATIVITÉ du Seigneur  (vers 375)

            La fête romaine de la Nativité du Christ et la fête orientale de son Épiphanie sont attestées, l’une et l’autre, au milieu du 4e siècle.   Rome célèbre alors le 25 décembre au jour fixé en Occident pour le solstice d’hiver, la naissance parmi les hommes de Celui qui est la lumière du monde.  Ce jour-là les tenants du culte solaire fêtent la remontée du soleil invaincu, émergeant des ombres de l’hiver.  Le Christ, soleil levant, n’est-il pas, Lui, le seul invaincu?  En Égypte, on célébrait, semble-t-il, le solstice le 6 janvier par diverses festivités païennes.  Dans ce pays, les chrétiens fêtèrent, plutôt que la naissance de Jésus dans l’humilité de Bethléem, la manifestation de sa divinité, son Épiphanie, lorsqu’il remonta des eaux du Jourdain après son baptême.  La solennité gagna rapidement tout l’Orient..

            La fête de la naissance ou de la manifestation du Christ constituait, autour des années 375, une grande nouveauté dans la vie cultuelle des chrétiens, car, jusque-là, ceux-ci ne célébraient qu’un mystère, celui de la mort et de la résurrection du Seigneur, chaque semaine le dimanche, chaque année avec la Cinquantaine pascale.   Bientôt on allait percevoir que, dans l’aujourd’hui de la liturgie, cet anniversaire était porteur de grâce.   Noël, dira saint Léon, est la naissance de la vie: «l’ensemble des fidèles naissent aujourd’hui avec le Christ.»

            À Rome, la fête du 25 décembre avait un objet unique : la naissance de Jésus à Bethléem.  Mais la page de Matthieu rapportant la visite des Mages venus du lointain Orient pour adorer l’Enfant, ne pouvait que s’imposer à l’admiration des chrétiens issus eux-mêmes, pour la plupart, du paganisme.  Les mages étaient les prémices de la gentilité, leurs ancêtres dans la foi.  Aussi, en adoptant la fête orientale du 6 janvier dont le rayonnement était grand, donna-t-on à l’Épiphanie-Manifestation, le thème de l’hommage rendu par des païens au Fils de Marie, le Fils de Dieu.  On y fit aussi l’évocation du Baptême de Jésus, et on y ajouta le souvenir du signe de Cana, où Jésus manifesta sa gloire.

            8) Le Temps de l'AVENT (Liturgie occidentale, vers le VIe siècle)

            Le Temps de l’AVENT est propre aux liturgies d’Occident.  Rome l’a reçu de la Gaule dans la seconde moitié du 6e siècle.  Le terme Adventus (avent) veut dire avènement et sa signification est très proche des termes de Natale (naissance) et Épiphanie (manifestation).  Ce temps est donc intimement soudé à celui de Noël-Épiphanie.

            Tandis que l’Avent marque traditionnellement le commencement de l’Année liturgique, le Concile Vatican II, en accord avec les sources les plus anciennes, semble vouloir en faire le couronnement. (SC 102) C’est dire la diversité de l’Avent.  En fait, les premières semaines évoquent de préférence l’Avènement du Christ; à partir du 17 décembre, c’est la préparation de Noël qui prédomine.

            9)  Le Temps ordinaire

            Les 34 semaines du temps ordinaire qui courent entre le Baptême du Seigneur et le Carême, d’une part, et de l’autre, entre la Pentecôte et l’Avent, constituent le Temps ordinaire de l’année.

            Depuis la restauration du Concile, privilégie le DIMANCHE et le Temporal.  Les dimanches du Temps ordinaire sont le mémorial hebdomadaire de la Pâque du Seigneur, jour de l’Assemblée des chrétiens.

            10) Le Culte de Marie et des saints

            «En célébrant le cycle annuel des mystères du Christ, l’Église vénère avec un particulier amour la bienheureuse Marie Mère de Dieu. En outre, elle a introduit dans ce cycle annuel les mémoires des martyrs et des autres saints.» (SC 103-104)

                        - les martyrs, premiers associés au mystère pascal du Christ
         Si le culte de Marie l’emporte en dignité sur celui des martyrs, il lui est postérieur dans son apparition et son essor.  Au lendemain des persécutions, le souvenir de ceux qui avaient confessé leur jusqu’à la mort s’entoura d’une grande vénération.  On éleva des basiliques sur les tombes des plus célèbres d’entre eux.

                        - les saints :
            Au culte des martyrs vint s’ajouter, dès le 5e siècle, celui des évêques fondateurs d’une Église, docteurs éminents ou protecteur de la cité, ainsi que le culte des ascètes et des moines.

                        - Marie, mère du Seigneur
         Le culte de Marie, la Vierge Mère de Dieu, est né dans le rayonnement des fêtes de la Nativité du Seigneur.  Attesté dès le début du 5e siècle à Jérusalem, il a pris son essor au lendemain du Concile d’Éphèse (431).
            Le culte de Marie s’est établi sur des bases stables dès le haut Moyen-Âge.  Il a connu une certaine expansion jusqu’au 15e siècle, avant de progresser à partir du 17e siècle et surtout au 20e siècle.

 Calendriers :

            Le premier calendrier officiel de la Liturgie romaine fut celui du bréviaire et du Missel de saint Pie V (1568).
            En quatre siècles, il devait recevoir un nombre considérable d’additions de fêtes et de mémoire des saints.  Cette amplification du culte des saints finissait par faire obstacle à la célébration du cycle des mystères du Seigneur.  Une refonte s’imposait.  Elle fut réalisée en 1969.

            Le Concile Vatican II avait prescrit que désormais «le plus grand nombre des fêtes des saints seront laissés à la célébration de chaque Église, nation ou famille religieuse» et qu’on ne célébrerait partout que les fêtes des saints présentant «une importance vraiment universelle» (SC 111) il en a été ainsi.  En élaguant le calendrier antérieur, on a eu le souci de mettre en lumière l’universalité de la sainteté dans le temps et dans l’espace.

Célébration des saints : solennités, fêtes, mémoires

 «Les célébrations des saints sont disposées de telle sorte
- qu’elles ne l’emportent pas sur les fêtes ou les temps sacrés qui célèbrent les mystères du salut,
- qu’elles ne brisent pas à tout moment le cycle de la psalmodie et de la lecture divine,
- et qu’elles n’engendrent pas de répétitions fâcheuses,
- mais qu’elles favorisent la dévotion légitime de chacun.»
  (PGLH # 218)

 a) L’Office des solennités du Seigneur et des saints :

            Les solennités ont des premières Vêpres (premier Office du Soir) le jour précédent.
            Aux deux Offices du Soir et à celui du Matin,
                        L’hymne
                        les antiennes,
                        la lecture brève et son répons
                        la prière d’intercession et l’oraison conclusive
            sont propres ou pris au Commun.

 -          L’Office des lectures, tout est propre : hymne, antiennes, psaumes, lectures et répons.
                        À la fin de l’Office on chante le Te Deum, suivi de l’oraison propre.

 -          Aux Heures du milieu du jour : l’hymne quotidienne, suivi des psaumes graduels avec antienne propre.  Mais le dimanche, on prend les psaumes du Dimanche I.
La lecture brève et l’oraison conclusive sont propres.  Toutefois pour les solennités du Seigneur des psaumes propres sont proposés.
- Complies du Dimanche.

b) Les fêtes du Seigneur et des saints :

            Les fêtes n’ont pas de premières vêpres, à moins qu’il ne s’agisse de fêtes du Seigneur qui tombent le dimanche.
            Aux Offices du Matin et du Soir et à L’Office des Lectures, tout se fait comme aux solennités
            À l’Office des Lectures, tout est propre.  Te Deum chanté à la fin suivi de l’oraison de la fête.
            Aux Heures du Milieu du jour, l’hymne du jour suivi des psaumes de la férie avec leurs antiennes, à moins que la tradition suggère une antienne propre.
            La lecture brève et l’oraison conclusive sont propres à la fête.
            Complies du jour ordinaire.

c) Mémoire des saints : obligatoire ou facultative :

            À l’Office du Matin et du Soir : deux façons de célébrer
            - soit :tout peut être pris à la férie avec l’oraison conclusive de la mémoire du saint
            - soit : Invitatoire, hymne, lecture brève, antiennes des cantiques de Zacharie et de Marie propres, les prières peuvent être pris à la mémoire du saint, soit au propre ou au commun.
            À l’Office des lectures, la lecture biblique avec son répons est de l’Écriture en cours. la seconde lecture est celle du saint.  On ne chante pas le Te Deum
            Aux Heures du milieu du jour et à Complies : tout est à la férie.

La Liturgie, mystère de Transfiguration

            L’Église a développé progressivement une Année liturgique propre, composée d’un Avent, d’un temps de Noël, d’un Carême, d’un temps pascal et d’un temps de l’Église qui se prolonge jusqu’aux solennités de la Toussaint et du Christ-Roi.  Il ne faudrait cependant pas s’y tromper : le temps de l’Église c’est le TEMPS PASCAL.  Même pendant le Carême, nous vivons du plein mystère pascal.   Nous pouvons commémorer les préparations de l’Ancien Testament, mais nous vivons de plain pied et nous célébrons dans l’aire du Nouveau Testament.  Le mystère de Pâques constitue le noyau et l’origine de toute transfiguration chrétienne, celle-ci étant prolongée liturgiquement de dimanche en dimanche, et d’eucharistie en eucharistie.

            Il y a certains mots qui expriment les riches nuances du mystère du Temps dans la Liturgie de l’Église.  Un mot revient souvent dans les antiennes des fêtes et des solennités : le mot AUJOURD’HUI. Ce terme revient souvent aux antiennes des cantiques de Zacharie et de Marie lors des grandes solennités.  Il y a en effet toute uns spiritualité biblique et liturgique de l’Aujourd’hui, chère à la Lettre aux Hébreux : chapitres 3-4, à saint Augustin, à la tradition des Pères de l’Église. 

            Ainsi, quand l’Église chante ou prêche que c’est “aujourd’hui” que le Christ est né, qu’il a été baptisé, qu’il accomplit le miracle de Cana, qu’il est ressuscité des morts ou qu’il nous fait don de l’Esprit Saint, elle nous rappelle que nous sommes entrés une fois pour toutes dans l’Alliance nouvelle.  Saint Paul a écrit de plusieurs manières: «Si vous êtes morts avec le Christ, vous êtes déjà ressuscités avec lui, et déjà, avec lui, vous siégez à la droite du Père», bien que nous fassions encore partie de l’Église militante et pèlerine ici-bas.

            C’est que le mystère du Christ intègre la totalité de l’univers, espace et temps...«Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps» (Mt) Aujourd’hui même nous sommes contemporains de Jésus et de son Évangile et nous sommes déjà concitoyens des apôtres et des prophètes auprès de Jésus dans le Royaume de son Père.

            Saint Augustin a développé cette même spiritualité de l’aujourd’hui dans ces beaux commentaires de l’ALLÉLUIA.  L’Alléluia de la terre, nous explique-t-il, nous donne le goût de la louange définitive, qu’il anticipe, tandis que l’Alléluia du ciel est l’expression achevée d’une louange qui a commencé pour monter sans cesse devant la face de Dieu.

2)  SYMBOLES, RITES, GESTUELLE, expression du Mystère pascal célébré

            1) Le CHRIST, SYMBOLE

            La Liturgie exprime les mystères du Seigneur et ses actes de Salut à travers un ensemble de RITES, c’est-à-dire de formules, de symboles et de gestes.  Mais ces rites ne sont pas de simples expressions humaines de pensées et de sentiments religieux concernant les relations humaines avec Dieu.   Ils sont plutôt le SIGNE du MYSTÈRE DU CHRIST, de la présence salvatrice de Dieu, réalisée pour l’humanité dans le Christ.   Le Mystère du Christ est «le Christ au milieu de nous, espérance de la gloire» (Col 1,27).  Le Christ est le SIGNE donné par Dieu (Jn 6,28) au monde, le signe de l’amour par lequel Dieu est intervenu pour nous sauver.  Le Christ est le grand “SACREMENT” primordial, c’est à dire “signe” de la réalité de Salut qui a été révélée comme étant la présence de Dieu parmi nous : Ep 1,9; 3,9; Col 1,27; 1Tm 3,16.  Les signes rituels de la Liturgie doivent être compris en fonction du Christ.  Et ce sont des signes réels, en ce sens qu’ils accomplissent la réalité même qu’ils signifient.

            La liturgie n’est pas seulement une action humaine mais la présence de l’action divine sous une forme rituelle, action qui, en nous attirant toujours plus intimement dans le mystère du Christ, nous fait fils, filles de Dieu.  Élevés ainsi à un état surnaturel, nous offrons alors dans nos propres vies, un culte à Dieu.  Les signes, nous introduisant dans le mystère du Christ, font de nous de vrais adorateurs, adoratrices du Père.  La Liturgie nous unit à l’action salvifique et sanctificatrice du Christ, et, en Lui, nous devenons des «adorateurs en esprit et en vérité». (Jn 4,23-24)

            2) Le Symbole, lieu du passage entre notre vie et le mystère pascal célébré:

            La célébration de la Liturgie, cela veut dire d’une part : rite, et d’autre part : sacrement.

Rites :
            Dans le Rite intervient la Parole sous toutes ses formes.  Sous forme de proclamation, de chant et de silence.  La cessation de la Parole est en effet aussi importante et c’est un élément que, pour la première fois, le Concile a remis en valeur.  Tout cela fait partie du rite.  Le corps aussi a sa place dans la célébration, la façon de se tenir, de faire des gestes, le choix du vêtement, de la prière.  Il y a aussi les signes : le pain, l’eau, l’huile, l’encens, l’arrangement de l’espace...

 Sacrement :
            Le symbole n’est pas quelque chose d’immédiatement perceptible et visible, c’est une signification très riche, ample, globale, difficile à exprimer mais qui dit beaucoup.  C’est à travers le symbole-sacrement que nous passons de notre vie quotidienne au mystère pascal célébré.  Ainsi, dans l’Eucharistie, l’Église croit que le mystère évoqué est rendu présent, sous les signes du pain et du vin, sous le signe du repas.  Dans le baptême, être plongé dans les eaux du baptême c’est être plongé dans la mort du Christ et ressusciter avec Lui.  Recevoir le sacrement de la réconciliation, c’est entrer dans le mystère du pardon opéré par l’amour que le Christ a offert à son Père sur la croix. Le caractère sacramentel de toute la Liturgie veut donc dire que la réalité profonde que nous évoquons, où nous pénétrons, est là.  Être plongé dans ce mystère c’est être plongé dans cette réalité.

            Ces gestes symboliques humains que sont le baptême d’eau, l’onction d’huile, l’imposition des mains, la fraction du pain... deviennent dans l’Église, des actes qui, au-delà du visible, permettent au Seigneur d’agir au milieu de l’humanité.  C’est ce qui fait dire à saint Léon le Grand:  «Ce qui était visible dans notre Rédempteur est donc passé dans les sacrements.»  Ce qui fait l’originalité des célébrations chrétiennes c’est que ce sont des lieux où Dieu s’approche de l’homme  pour intervenir dans son histoire.

            Symboles et rites gardent leur sens et leur rôle de médiateurs entre le visible et l’invisible, mais de la médiation dont ils sont les serviteurs, c’est Dieu qui a l’initiative et non la personne humaine.  Par eux, le visible manifeste bien l’invisible, mais tandis que l’homme le met en oeuvre en célébrant, ce visible reçoit un pouvoir de manifestation qui dépasse ses facultés, car il le tient de Dieu lui-même qui l’investit. (J. Gélineau : Célébrer.)

            La célébration chrétienne est un confluent d’espace et de temps :
-  Dans son déroulement temporel ( telle célébration, tel jour, telle heure) elle réalise la jonction du passé, du présent et du futur. 
-  Dans son implantation locale (telle célébration, ici, dans telle communauté, telle église) elle réalise la commune union avec ce qui est géographiquement dispersé. 
-  Ce que la célébration fait du temps, elle le fait aussi de l’espace : elle unit mystiquement ce qui est visiblement dispersé, comme elle actualise ce qui est temporellement éloigné.

            3) Célébrer dans son corps 

            La Liturgie est souvent un sujet d’étonnement pour qui n’y est pas habitué.  Loin d’être une simple prière mentale, elle s’exprime par les lèvres, elle se traduit par des attitudes corporelles, par des gestes; attitudes et gestes qui ne sont pas laissés à la libre spontanéité de chacun, mais qui sont fixés par des lois constantes.  C’est que la Révélation et les saintes Écritures nous apprennent non à dissocier le corps et l’âme, mais à discerner l’unité du composé humain, tel que Dieu l’a créé et que Dieu le sauve.  Le corps, destiné à la Résurrection glorieuse, est déjà devenu ici-bas Temple du Saint Esprit par le baptême; il est nourri de l’Eucharistie.  Tertullien le soulignait dès le 3e siècle : «Les sacrements sont accomplis sur le corps pour sanctifier l’âme.»

            Ces signes sont requis aussi par le caractère communautaire de la Liturgie : l’unanimité des coeurs s’expriment au moins autant par les attitudes corporelles que par le chant, du moins c’en est une manifestation plus facile.  Le langage de la parole, surtout de la parole du célébrant, reçoit une intelligence accrue par le geste.  Le Christ a utilisé des gestes pour faire des miracles qu’un seul mot pouvait réalisé.
            Il ne faut jamais oublier que, par ce geste, il s’agit d’exprimer une attitude intérieure.

 Gestes liturgiques :

 1. debout : pour les fidèles, c’est l’attitude liturgique la plus fondamentale.  Elle est d’abord, dans son sens tout naturel, signe de respect.  C’était l’attitude normale de la prière juive, et c’est l’attitude caractéristique de la prière chrétienne comme l’attestent les peintures des catacombes et d’autres documents anciens.  C’est l’attitude typiquement pascale : c’est pourquoi l’attitude antique et celle de l’Orient aujourd’hui interdisent de se mettre à genoux le dimanche et durant la Cinquantaine pascale.  Car le Christ nous a, par sa Pâque, délivrés du péché et de la mort.  Devant Dieu nous demeurons pleins de respect, mais confiants car nous participons à la dignité des fils et filles de Dieu.  Saint Irénée écrit : «L’usage de ne pas plier les genoux pendant le jour du Seigneur est un symbole de la résurrection par laquelle nous avons été libérés grâce au Christ.»
C’est aussi l’attitude de ceux qui attendent la bienheureuse venue du Christ en gloire, en face du Fils de l’homme seuls demeureront debout ceux qui n’ont rien à redouter de sa justice.  C’est enfin l’attitude de l’action de grâce des élus au ciel : Ap 7,9; 15,2.

 2. À genoux : la joie pascale alterne avec la pénitence.  La prière à genoux est spécifiquement pénitentielle, signe de deuil, d’humilité, de repentir.
C’est également l’attitude de la prière individuelle comme l’atteste l’exemple de saint Paul, saint Étienne, saint Pierre, dans les Actes des Apôtres : Ac 7,60; 9,40; 20,36; 21,5; Ep 3,14.

 3. assis : Être assis est l’attitude du docteur qui enseigne ou du chef qui préside.  Mais le peuple aussi est invité à s’asseoir à certains moments de la célébration.  C’est l’attitude aussi de celui qui écoute.  Lc 2,46; 10,39.  C’est pourquoi les fidèles sont assis généralement pour écouter toutes les lectures, sauf l’évangile, les chants de méditation et la prédication.

 4. inclinés : la Liturgie monastique a conservé généralement des temps de prière avec profonde inclinaison.  De même l’Autel et l’Évêque sont salués d’une inclination profonde.

 5. prosternés : Dans la Liturgie actuelle, se prosterner est une attitude plutôt exceptionnelle.  Elle n’est plus prescrite qu’à ceux, celles qui doivent recevoir une consécration définitive : ordinands, vierges, profès, abbé, tandis que l’on chante sur eux la litanie des saints.  Dans la Bible, c’est une des attitudes fréquentes de la prière : Gn 17,3; Dt 9,18; Ne 8,6; Tb 12,16; Jd 9,1; Mc 17,6; 26,39; Ap 4,10, etc.  Elle marque une supplication solennelle.

 6. marchant en procession : Outre les processions exceptionnelles liées à des moments de l’Année liturgique, les célébrations habituelles donnent lieu à des mouvements et des déplacements qui sont des actes de procession : procession d’entrée du célébrant et de ses ministres; procession de l’évangile; apport des offrandes; procession des fidèles pour la communion.  «Il convient que ces démarches soient accomplies avec beauté, accompagnées des chants qui leur sont propres» précise l’Introduction générale au Missel Romain.

 7. les autres gestes liturgiques : quelques gestes sont des créations spécifiquement chrétiennes comme le signe de la croix.  D’autres sont riches de signification biblique, parfois même sont des gestes du Christ.  Quelques-uns sont sacramentels, comme l’imposition des mains.  Le baiser de paix est un geste liturgique déjà dans les écrits apostoliques.
Le geste de la croix a été longtemps retenu comme geste au début de la lecture évangélique.  C’est pour cela qu’il est toujours accompli au début des cantiques tirés de l’évangile.  Et il devenu dans le Missel actuel, geste public d’inauguration de la liturgie de la Messe.

(Inspiré de : L’Église en prière, tome I, Martimort.  Desclée.)

 

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