L’ENFANT D’ASSISE
ENFANT ET ANCÊTRE D’ASSISE
Ces poèmes sont des évocations discontinues de la découverte de François d’Assise, de sa ville, de son expérience spirituelle et de son passage en Dieu. C’est la montée vers l’Alverne qui marque les pas du saint. Là, dans la nuit, le pauvre d’Assise vit une rencontre de feu qui signe à jamais ses mains, ses pieds et son cœur. Comme l’interprètent certains biographes primitifs, sur cette montagne le corps de François exprime finalement la compassion qui le brûle et le stigmatise depuis sa conversion. Les stigmates sont un visage de sa grâce et de son ministère. Il ne lui reste, finalement, qu’à descendre de ce lieu bouleversant en portant un tel secret jusque dans la vallée.
Ce recueil rassemble vingt-cinq poèmes qui s’échelonnent des années 1982 à 1998. Ils ont été écrits et rassemblés au fil de contextes bien différents. Ils ne sont pas dispersés. Ils appartiennent tous au lieu privilégié qu’est le cœur de François d’Assise, autant pays que cité. C’est là que vont et viennent des milliers de pèlerins fascinés par un événement qui demeure une interpellation pour les vivants des époques subséquentes. J’en suis. Tous les textes dévoilent mes sentiments et ceux que je prête au saint et à ses contemporains. Certains se veulent un regard et un dialogue sur les défis d’une telle lumière et d’un tel pardon.
Le poète s’identifie à l’homme qu’il admire, il suit de près son pèlerinage, il culbute dans son extase, il balbutie ce qui pourraient être ses prières et ses silences. La contemplation est illuminée par la symbolique de l’ascension, de l’union à Dieu, de l’indicible, de la descente et de la mission. On reconnaîtra, à travers mes mots étonnés, les repères de la théologie mystique de Grégoire de Nysse et de Bonaventure. L’écriture est elle-même un voyage; elle accumule des traversées et des étapes qui ont des noms de passage puisque tout converge vers une station interminable « nous sommes seuls / avec tout l’Amour ».
7. LA PAIX PASSE
Ne cache pas la nuit
au silence à l’amour
qui veille si tard
près du blessé de la rue
de la chambre cachée?
personne peut-être et tant de monde
qui n’a pas voulu de l’autre?
le coeur dur
la pierre opale
l’idée raide
l’émotion sèche
il y a la rue la porte
quelques boîtes d’instant
des ombres de projets
des heures de peine
un visage cache l’amer
des larmes et des regrets
la paix passe
à travers les mains les pieds
le coeur brisé.
“...la contemplation du visage de Dieu consiste à voyager vers lui, sans s’arrêter, à se déplacer constamment vers l’avant, en une poursuite infinie du Verbe...”
GRÉGOIRE DE NYSSE