Aimé

AIMÉ
 
 1.
Toi
temple de l’ombre
ô fraîcheur ferme mes yeux
dans l’ailleurs
être
ange de l’ange exaucé
sandale dénouée prière faite
paumes ouvertes
 seul
vague du crépuscule
battement d’aile
offerts à la lumière
murmure intérieur
chant du silence.
 2.
 L’après-midi au jardin
avec le souffle des naissances
est la joie des sentiers
 la brise n’attend pas d’appel
elle vient quand la main espère
et le regard reste fidèle
 les compagnons du temps
égrènent ainsi de mémoire
des paroles inoubliables.
 3.
 Patience
des morts des martyrs
 nuit des survivants
  la coupe
est remplie d’eau et de sang
le silence contient son souffle 
peu de temps
pour appeler chacun des passants
graver les noms des disparus
dans l’Éden
 l’origine demeure près de la fin
présente à chaque instant.
 4. 
Dans la chambre haute tu fais naître
ô blessure sans baume
un cri de l’âme  
cœur départi
ô crevasse profonde
des orants aimés jusqu’au bout.
 5. 
L’air est grand
la nuit froide fatigue
 qui a laissé son manteau
sur le sol?
 6. 
Aimer
 initie à tout
au vent à la fenêtre
à la terre qui tremble
 le feu
veille dans le foyer
éclaire le poète ému
possédé par une intuition.
 7.
La mort
rôde dans les chambres
sans chandelle
noirceur
si pure que l’esprit passe
et stigmatise 
brûler
les cendres et retrouver
les genèses.
 8. 
Prière
sans cri ni prière
un corps prostré
 un souffle
garde le mystère
absent intime
 9. 
Et plus rien
que la beauté du vide 
l’Autre vient
une plaie à l’épaule 
et plus rien
que la soif cristalline.
 10.
 Supplier
le champ déchaumé
l’oiseau au nid  
supplier
la brise de la mer
le jardin apaisé 
supplier
le corps immergé
le cœur en feu
 supplier
le nomade sur le seuil
l’eau de la fontaine
 supplier
le courage matinal
le soir moissonné.
 11. 
La colombe remplit le soir
du bruit de ses ailes
d’un chant d’amour
 toujours à l’oreille
elle verse l’huile des paroles
le baume des silences
 mémoire de l’envoyé
chant du message
gardien de la maison.
 12. 
Entrer dans l’ombre
parfums et aromates
 aventurer la mer
parcelle ô immensité.
 13.
 Matin soir
jour nuit
comment prévoir le chemin
et préparer les bagages
 pas d’heure
pas de lieu
le souffle partout toujours
ensemence l’âme.
 14. 
Le feu passe
les ténèbres opaques
agonie
des témoins essentiels
la maison
est une tente ouverte
 la lampe veille
 si la terre est déserte
 tenir le cœur
à la hauteur du vent.
 15.
 Demeure
Amour aimé
colombe
de feu et d’eau
 ô passant
de la présence.
 *
 
Ottawa, 13-23 mai 2010
Gilles Bourdeau
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